ST GILLES CROIX DE VIE

Marcel BAUDOUIN

Marcel baudouin 2

Marcel Baudouin de son vrai prénom Edmond est né à Croix-de-Vie, le 15 novembre 1860, son grand-père paternel était chirurgien pendant le premier empire, son bisaïeul paternel après avoir été le Directeur de la Garancière Royale du Poitou, fut aussi maire de Croix-de-Vie durant la révolution. son père Edmond BAUDOUIN, homme d'initative et d'action fut entrepreneur de travaux Publics. Par l'ascendance de sa mère NICOLLE Zénaïde, Marcel Baudouin est lié à de très vieilles familles de la bourgeoisie du Marais et du Bas Bocage. Quand son père mourut le 29 juin 1877, il n'avait que 17 ans.

Après avoir suivi les cours de l'école de garçons de Saint-Gilles dont il avait conservé de fidèles souvenirs, il fut élève du Lycée de La Roche-sur-Yon, de 1871 à 1880, et y fit de solides études classiques. Intelligent, travailleur, sérieux et animé déjà d'un grand désir de savoir, également doué pour Les Lettres et Les Mathématiques, il fut remarqué par ses professeurs. Il commença des études médicales à Nantes en 1880, et en 1883, son professeur Mr Jousset de Bellesme qui voyait en lui un disciple remarquable, lui manifesta le désir de le voir suivre les cours de La Faculté de Paris. En 1883, il était externe des Hôpitaux de Paris, en 1884, boursier de La Faculté de Médecine, en 1885, Interne Des Hôpitaux de Paris et interne des Asiles de la Seine où il finira premier à ce dernier concours. En 1884, il était aussi élève de La Faculté Des Sciences de Paris (sciences naturelles), il fut deux fois lauréat de La Faculté de Médecine (prix de thèse en 1890), prix Châteauvillard en 1891 et trois fois lauréat de L'Académie de Médecine.

Depuis plusieurs années déjà, il était secrétaire de la rédaction du Progrès Médical et tint ce poste jusqu'en 1898. Délégué du Gouvernement Français au Congrès International de la Médecine à Berlin en 1890 et à Rome en 1898. Il fut aussi nommé Commissaire à l'exposition de Chicago en 1893.

Dans les domaines les plus divers, son activité fut inlassable. Il fonda et dirigea Les Archives Provinciales de Chirurgie et jusqu'en 1905 il fut secrétaire général de L'Association de la Presse Scientifique. En 1904, il fut un des membres fondateurs de La Société Préhistorique Française, dont il devint secrétaire général en 1906. En 1905, il créa les Congrès Préhistoriques de France et apporta dans l'organisation et le fonctionnement des ces institutions autant d'activité et de dévouement que de compétence et de méthode. En 1913 et 1914, il dirigea la revue L'Homme Préhistorique dont la publication fut interrompue par la guerre. Il avait crée la Bibliothèque circulante des ouvrages de médecine et une importante série de fiches bibliographiques. Cette oeuvre de documentation qui devait par la suite, servir d'exemples à tant d'autres, et qui a rendu d'éminents services aux générations d'étudiants d'avant-guerre. Il l'avait installée sous le nom d'Institut de Bibliographie Scientifique au 93, Boulevard Saint-Germain. C'est là que se tinrent les premières séances de la Société Préhistorique Française.

Le Docteur Marcel Baudouin devint aussi Président de la section Anthropologie de l'Association française pour l'avancement des Sciences, secrétaire général de l'Association de la Presse Médicale, Président de La Société D'émulation de la Vendée et des Amis des vieux moulins de l'Ouest, Président du syndicat d'initiative du Hâvre-de-Vie et correspondant du Ministère de l'Instruction Publique ....

Pendant plus de 60 ans avec un entrain qui resta toujours dynamique, une puissance de travail et une richesse intellectuelle qui émerveillaient ceux qui le côtoyaient. Il collabora à un nombre considérable de journaux, de revues, de bulletins de Société, abordant avec un égal bonheur et souvent une grande hardiesse de pensée sur les sujets les plus variés.

Il créa enfin l'important Musée de Plein Air dans sa propre maison à Croix-de-Vie, Le Castel Maraichin, il y rassembla un nombre considérable de pièces de toutes les époques, de moulages, de documents, d'ouvrages, de notes et de manuscrits se rapportant aux études qui lui étaient chères et spécialement à La Vendée. Organisateur de nombreuses fêtes et défilés, d'élection du costume local, il fit beaucoup d'actions pour la commune de Saint-Gilles-croix-de-Vie.

Mais en octobre 1940, sa santé s'est gravement ébranlée. les évènements tragiques de mai et de juin (prémices de la seconde guerre mondiale) l'avaient profondément affecté, car il aimait son pays. A plusieurs reprises, il m'avait dit combien il était déchiré et combien il en souffrait. Il faut l'avoir vu alors, le teint pâle, les yeux fiévreux et caves, les traits creusés et comme sculptés par le malheur, la voix éteinte, pour comprendre combien l'émotion avait ravagé ce robuste vieillard et quelle douleur silencieuse mais déchirante, allait s'établir en lui, sans recours jusqu'au terme suprême. Malgré son affaiblissement progressif, il n'en continuait pas moins de travailler tous les jours dans son cabinet, classant des notes, corrigeant des épreuves, espérant encore trouver contre l'angoisse qui l'étreignait un refuge dans le labeur. C'était en vain, un ressort était définitivement brisé en lui. Au début de janvier, ses forces déclinèrent rapidement, un affaiblissement du coeur et une congestion pulmonaire devait l'emporter. La veille encore, il voulut me parler, mais je ne pus saisir qu'un seul mot "travail" plusieurs fois répétés. Ce seul mot ne saurait mieux expliquer ce que fut sa vie.

L'oeuvre du Docteur Baudouin est considérable et nous ne pouvons ici énumérer toutes ses publications que se soit en médecine, en sciences naturelles (l'industrie de la sardine en Vendée, les échouages des cétaces en Vendée), en géologie Vendéenne,en archéologie. Des ouvrages aussi sur le folklore (le coeur Vendéen, le maraichinage, le jeu d'aluette, les tasses à vin, les sources guérisseuses, les pierres à légende).

Le Docteur Marcel Baudouin s'est éteint dans sa maison de Croix-de-Vie, le 25 janvier 1941. Ses obsèques ont eu lieu le 27 janvier à 13h30, il n'a voulu ni fleurs, ni couronnes, ni invitations, ni discours seulement le corbillard des pauvres. Autour de lui, les parents qu'on avait pu prévenir, les fermiers, les voisins, des marins, et des amis intimes. des obsèques émouvantes dans leur simplicité. Il repose au cimetière de Croix-de-Vie au pied du haut menhir de granit qu'il avait fait venir de la Tonnelle de Saint-Hilaire-de-Riez.

BIBLIOGRAPHIE : Edmond BOCQUIER de la Société d'Emulation de la Vendée (Archives Départementales)