C’est le devoir de mémoire et le sentiment d’une énorme dette à l’égard de ceux dont les noms figurent sur notre « monument aux Morts » qui ont inspiré Guy AIRAUD, Hélène BOULINEAU, Pierre CAILLET, Véronique GUILBAUD, Juliette JOUBERT et Anne MIGNE.
Le travail réalisé est en tout point remarquable et mérite de vives et sincères félicitations.
L’exposition particulièrement riche et documentée va permettre aux jeunes et aux enfants des écoles de comprendre pourquoi dans ce siècle qui s’achève, il faut continuer à commémorer l’Armistice de 1918.
Le livre d’or est, quant à lui, un ouvrage inestimable. Souvent, il ne restait rien de nos soldats et pour leur famille qu’un simple nom gravé dans la pierre.
Pour ce dernier 11 novembre du siècle, nous découvrons leur visage, leur parenté, leur souffrance et les lieux de leur calvaire.
Ils aimaient sûrement la paix et non la guerre. Ils se sont pourtant battus et 181 jeunes de la commune sont morts dans la bataille pour que la France reste LIBRE et riche de ses diversités.
Le livre que vous avez entre les mains est tâché de boue. C’est la terre de la Marne mêlée aux larmes de dizaines de femmes qui ont perdu leur fils ou leur mari.
Puisse le souvenir des douleurs et des sacrifices de cette grande guerre nous inspirer et nous encourager dans nos efforts pour que s’instaure définitivement en Europe et dans le monde un règne de paix et d’amitié entre toutes les nations
Patrick NAYL
Mairie de Saint-Gilles-Croix-de-Vie
SAINT-GILLES-CROIX-de-VIE
A ses soldats 1914/1918
LES HOMMES ET LES FAITS
Ce livret a pour objet de présenter les soldats de Saint-Gilles-sur-Vie et de Croix-de-Vie, morts pour la Patrie durant la première guerre mondiale.
Il est la synthèse des recherches effectuées :
Aux Archives Nationales de Paris,
Aux Archives Départementales de la Vendée, de Loire-Atlantique et de Maine-et-Loire,
Aux Archives Municipales des Sables d’Olonne,
Aux Archives Municipales de Saint-Gilles-Croix-de-Vie,
Au Service Historique de la Marine à Rochefort,
A la Délégation Militaire de la Roche-sur-Yon,
Au Centre Militaire de Formation Professionnelle N°2 de Fontenay-le-Comte,
Auprès des Mairies contactées,
Auprès des familles de soldats et de tous ceux qui nous ont apportés leur concours.
Les documents, les photos et les récits nous permettent de vous décrire le parcours des Poilus de nos deux cités, fauchés en pleine jeunesse, dans cette guerre que l’on disait la dernière. Chaque soldat, chaque famille a son histoire, ses secrets, ses joies et ses peines. Nous nous sommes engagés à les respecter.
Nos recherches ont seulement été orientées sur les lieux et les circonstances des décès des 181 jeunes hommes de notre commune Morts pour la France afin que le souvenir de leur sacrifice se perpétue et reste dans la mémoire de leurs descendants et des habitants de notre commune
L’ENTREE EN GUERRE DES NATIONS
Le 28 juin 1914 l’Archiduc héritier d’Autriche, François-Ferdinand et son épouse sont assassinés à Sarajevo, capitale de la Bosnie.
Ce pays que l’Autriche avait annexé était revendiqué par les Serbes.
L’Autriche rend le gouvernement Serbe responsable du meurtre de l’Archiduc.
Le 23 Juillet, elle lui adresse un ultimatum humiliant dont la Serbie sur les conseils de la Russie et de la France, accepte presque toutes les conditions. Mais les ministres du vieil Empereur François-Joseph se montrent intransigeants au risque de se brouiller avec la Russie, protectrice des pays slaves.
Le tsar Nicolas II, par prudence, mobilise le long de sa frontière austro-hongroise.
Le kaiser Guillaume II le somme de revenir sur cette mesure et lorsque l’Autriche semble disposée à transiger, l’Allemagne, résolue et prête à la guerre, brusque le dénouement.
L’Allemagne, après avoir rejeté les propositions anglaises et françaises, de constituer une commission internationale n’accueille pas davantage la demande d’arbitrage adressée personnellement au Kaiser, par le tsar Nicolas II.
Le 28 Juillet 1914 l’Autriche poussée par l’Allemagne déclare la guerre à la Serbie.
Trois jours après, l’Allemagne envoie un ultimatum à la Russie et à la France.
Le 1er Août 1914, elle déclare la guerre à la Russie et occupe le Luxembourg.
Le 2 Août 1914, les Allemands pénètrent en France sans déclaration de guerre et adressent un ultimatum à la Belgique (pays neutre).
Le 3 Août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France et à la Belgique.
Le 4 Août 1914, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne.
Deux camps s’affrontent :
Il y a d’un côté les Allemands, les Hongrois, les Turcs et les Bulgares.
De l’autre, la France, la Russie, l’Angleterre, la Belgique et la Serbie.
Mais peu à peu, les hostilités s’étendent aux deux hémisphères et la plupart des peuples sont jetés dans la mêlée.
L’affrontement devient général : Ce sera la Grande Guerre.
Le samedi 1er Août 1914 à 5 heures de l’après-midi, l’ordre officiel de la mobilisation générale pour le lendemain dimanche 2 Août est placardé dans toutes les communes de France et des colonies.
Dès le lundi 3 Août 1914, jour de la déclaration officielle de la guerre par l’Allemagne à la France, tous les lieux où l’on travaillait se vident au profit des villes de garnison et des casernes. Il n’est pas une famille qui ne soit concernée par le départ de l’un des siens.
ANNEE 1914
Dimanche 2 Août 1914
Mobilisation générale en France
Les cloches de toutes les églises sonnent le tocsin.
Les hommes mobilisables de St-Gilles et de Croix-de-Vie se retrouvent jour après jour sur le quai de la gare de Croix-de-Vie, pour rejoindre leurs dépôts et être affectés aux divers régiments en partance pour le front.
L’invasion
Déjà les Appelés sont présents sur le front qui s’étend de la LORRAINE à la Belgique, envahie par les troupes allemandes. Le 10 août 1914, LIEGE est aux mains des Allemands qui prennent les notables en otages.
La France et l’ANGLETERRE viennent au secours de la Belgique et le vendredi 14 août 1914, d’importantes forces françaises et britanniques occupent le pays.
L’armée allemande avance toujours, malgré les défenses des troupes alliées qu’elle écrase. Elle se divise en deux colonnes pour encercler les troupes françaises et anglaises qui combattent aux côtés des Belges.
La Bataille de Belgique
Les 22-23-24 Août 1914 a lieu la grande bataille de Belgique. Sur tous les fronts, le sang coule en des combats meurtriers.
Une des colonnes allemandes se dirige vers la vallée de DEUTER, TOURNAI et LILLE.
Les régiments vendéens et bretons – les 64ème (Ancenis) et 65ème (Nantes), 93ème (La Roche-sur-Yon), 137ème (Fontenay-le-Comte) Régiments d’Infanterie et les 83ème et 84ème Régiment Territorial d’Infanterie, le 51ème Régiment d’Artillerie – constituent la 21ème division du XIème Corps d’armées. Ils reçoivent le baptême du feu sur la terre belge.
Le 22 Août 1914, s’engage dans le bois de Maissin, la première grande bataille : 55 000 vendéens et bretons y trouvent la mort au cours d’une offensive désespérée.
Dirigés à marche forcée sur TOURNAI (Belgique) pour retarder la progression de l’envahisseur, deux bataillons, le 2ème et 3ème des 83ème et 84ème Régiment d’Infanterie Territoriale de la Vendée furent attaqués aux abords de l’église. Remplissant avec un courage admirable leur mission toute de sacrifice, ces vétérans magnifiques tinrent en échec pendant six heures, trois divisions allemandes et les conséquences de ce glorieux fait d’arme furent heureuses à la fois pour la ville, pour ses habitants et pour la victoire de la Marne. (Extrait du petit journal le petit parisien du 16/08/1921).
FOURRIER Roger, Marcel, (22ans) de St-Gilles-sur-Vie, du 64ème RI est tué au combat à MAISSIN (Belgique), le 23 août 1914.
HERBRETEAU Marie, Félix, Eugène (38 ans) de Croix-de-Vie, du 83ème RI, est lui aussi déclaré "Mort pour la France" à TOURNAI (Belgique), le 24 août 1914.
A quelques kilomètres, au sud de Sedan, à CHAUMONT, le 137ème RI s’établit en face du bois de la Marfée. Durant la nuit du 26 au 27 Août, les Allemands s’emparent du bois et surgissent dans le village endormi. Les régiments Vendéens et Bretons s’élancent baïonnette au canon pour la défense du bois et poursuivent la bataille vers Chaumont – St Quentin rejetant l’ennemi sur les bords de la Meuse.
Pendant l’assaut, un fontenaisien, le sous-lieutenant CONTE capture le colonel, commandant le 28ème RI allemande. Le Président de la République décore le 137ème RI de la Légion d’Honneur.
L’autre colonne allemande plus à l’Est et au Sud descend en direction de MONS et CHARLEROI, poursuivie par les troupes françaises.
Sont morts au champ d’honneur :
PROUTEAU Emile, Joseph, Pierre, (21 ans) de St-Gilles-sur-Vie, 65ème RI, à la MARFEE (Ardennes), le 26 août 1914.
RAFFIN Marcel, Adolphe, Paul, (21ans) de Croix-de-Vie, 65ème RI, à CHAUMONT – ST QUENTIN, le 27 août 1914.
MANCEAU Pierre, Henri, Lionel, (27ans) de Croix-de-Vie, 293ème RI, à CHAUMONT – ST QUENTIN, le 27 août 1914.
A NOYERS, dans les Ardennes, un monument a été élevé dans le bois de la MARFEE, le 11 avril 1919, par le Colonel BONNEFOY du 137ème RI, à la mémoire des soldats Vendéens et Bretons, morts et disparus lors des combats des 26 et 27 Août 1914.
La Retraite
En ALSACE et en LORRAINE, sur la MEUSE, dans le Nord et vers Paris, les armées alliées reculent lentement. Paris menacé, le gouvernement décide de se retirer à BORDEAUX. Les alliés défendent le terrain pied à pied contre l’envahisseur et continuent à se replier sur la MARNE et L’ORNAIN.
1ère bataille de la Marne.
Ordre du jour du Général Joffre du 6 septembre 1914 : « au moment où s’engage une bataille dont dépend le sort du Pays. Il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière…Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place, plutôt que de reculer…
L’effort de l’ennemi se concentre sur le champ retranché de Paris. Poursuivant nos troupes, les cinq armées allemandes s’engouffrent à marches forcées dans le couloir compris entre les deux forteresses de PARIS et VERDUN…
Deux millions et demi d’hommes s’affrontent sur 200km de front entre Paris et Verdun. C’est la première bataille de la MARNE dirigée par le Général JOFFRE.
Du 6 au 13 septembre 1914, sur tout le front, les troupes françaises, aidées par les forces britanniques mettent à profit leur retrait pour renforcer leurs effectifs décimés lors des premiers assauts en Belgique et reprennent l’offensive.
En Champagne, les troupes venant de l’Est renforcent leurs lignes. Deux nouvelles armées sont formées sous le commandement du général MAUNOURY, elles attaquent les Allemands sur L’OURCQ.
La troisième armée s’adossant à Verdun fait face à l’armée du KRONPRINZ. Les forces anglaises et les armées du Général FRANCHET D’ESPEREY, du général FOCH et du général L’ANGLE DU CARY marchent sur le front de MEAUX, VITRY le FRANCOIS.
Les allemands d’abord déconcertés par cet assaut général imprévu, reprennent vite contenance. Ils s’évertuent à rompre la ligne française, se portent sur l’armée de FOCH qui réussit à rejeter l’adversaire en désordre à travers la région difficile des marais de ST GOND.
Les armées françaises et alliées gagnent du terrain malgré les tentatives désespérées des forces allemandes qui se maintiennent sur L’OURCQ. Entre VERDUN et REVIGNY l’armée du Général Sarrail, au prix de pertes considérables, fixe devant elle les forces deux fois plus importantes que l’armée du KRONPRINZ.
Le 9 septembre, la retraite allemande est générale, ponctuée de nombreux combats. Chaque partie consolide ses points d’appuis et creuse ses tranchées à l’approche de l’hiver. A la guerre de mouvement succède la guerre de position. Nos troupes, harassées par trois semaines de marches et de luttes ininterrompues ainsi que de lourdes pertes en hommes et en matériel, ne sont plus en état de combattre.
Pauvres Biffins, mes frères de grand’route, cassés par le sac, serrés par les courroies, coltinant votre chargement d’animaux dociles et dans votre cerveau lourd, l’autre fardeau des pensées éreintées. Vous marchez quand même, plein de fatigue à en crever, mais sans plainte, ressassant seulement dans votre esprit vidé le seul désir qui criait par vos voix engravées de poussière, aux mauvaises fins d’heure : La pause, Bon Dieu ! Sergent Ducasse.
Pendant la bataille de la Marne :
Six soldats sont tués
GAUTIER Louis, Camille, (29 ans) de Croix-de-Vie, 293ème RI, à Fère-Champenoise entre le 1er et le 10 septembre 1914.
CHARRIER Barthélémy, Constant, de Croix-de-Vie, Fusilier Marin, le 4 septembre à l’hôpital Villemain à PARIS.
IHLER de St Hilaire, Jules, Emile, (26ans) de St-Gilles-sur-Vie, Sergent Major dans le 8ème Régiment Tirailleurs Indigènes, MONTMIRAIL (Marne) le 4 septembre 1914.
PERROCHAUD Prosper, Henri, (24ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 64ème RI, EUVRY le REPOS (Marne), le 5 septembre 1914.
NAULET Firmin, Joseph, (22ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 64ème RI, aux Marais de ST GOND à FERE- CHAMPENOISE (Marne), le 8 septembre 1914.
VELU Maurice Alfred, (28ans) de Croix-de-Vie, 93ème RI, à FERE CHAMPENOISE, le 8 septembre 1914.
Ces soldats ont été portés disparus et les dates de leurs décès signalées à l'état-civil par jugement déclaratif du tribunal civil.
Les pertes des hommes depuis Août jusqu'à Septembre 1914 s'élèvent à 329 000 tués, disparus, prisonniers, morts dans les hôpitaux (environ le 6ème des pertes totales de la guerre).
Du 15 septembre au 31 décembre 1914, les batailles de la SOMME, de l'ARGONNE et de l'AISNE à la LYS succèdent à la bataille de la MARNE.
Bataille des Flandres
S'engage alors la bataille des FLANDRES ou derrière l'YSER les troupes belges arrêtent la marche de l'ennemi, étayées à leur droite à DIXMUDE par nos fusiliers marins et, à gauche, par les troupes franco-anglaises qui attendent la bataille…Celle-ci est terrible et se termine à la baïonnette.
Nos fusiliers marins à YPRES :
Leur combat est égal à celui des Turcos (tirailleurs algériens) – Ils enlèvent alertement les positions adverses. La déroute des Allemands repoussée à plusieurs kilomètres au-delà d'YPRES est complète. Cette irrésistible poussée est le commencement d'une offensive qui étend le front jusqu'à la mer, paralysant ainsi la marche en avant de l'ennemi. (Extrait de l'Illustration du 31/10/1914).
L'admirable conduite des fusiliers marins dans les Flandres, la surhumaine énergie dont ils continuent à faire preuve sur l'YSER leur ont bien donné droit au drapeau tricolore réclamé pour eux par Pierre LOTI
Cet appel est entendu et, à NIEUPORT, le lundi 11 janvier 1915, le Président de la République remis à l'amiral RONARC'H le drapeau des fusiliers marins, gagné par leur magnifique courage et leur héroïsme lors des batailles de DIXMUDE et de NIEUPORT. (Extrait de l'Illustration du 19/10/1914).
Les fusiliers marins chantaient sur l'air de "Auprès de ma blonde"
Sur les Bords de l'Yser Le plus moche dans l'affaire
Les marins ont tenu C'est qu'l'vieux mait' commis
Les Allemands en arrière Etait loin sur l'arrière
Si bien qu'ils n'ont pas pu Et l'pinard avec lui
Traverser la rivière Et la flott' d'la rivière
Comme ils l'avaient convenu Charriait des corps pourris
Refrain Refrain
Su l'bord de l'Yser-e Su 'l'bord de l'Yser-e
Contre Jean i's'ont butés Jean qui avait la pépie
Et jean sans s'en faire par les meurtrières
S'creusa des tranchées R'cueillait l'eau d'la pluie.
Entre le 15 Septembre et le 31 Décembre 1914, on apprend le décès des soldats suivants :
GUYON Pierre, Jean, (26ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 64ème RI, à La BOISSELLE (Somme), le 27 septembre 1914.
GUILBAUD Jean-Louis, (36 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 83ème RIT à BEAUCOURT (Somme), le 29 septembre 1914.
MARTINEAU Pierre, (25 ans) de Croix-de-Vie, 93ème RI, à MAISSIN (Belgique), le 2 octobre 1914.
Pour ces trois soldats portés disparus, des jugements déclaratifs de décès ont été établis.
CANTIN Constant, Léon, (34 ans) de Croix-de-Vie, 93ème RI, ORVILLERS, LA BOISSELLE (Somme), le 18 octobre 1914.
MILCENT Jules, (20ans) de Croix-de-Vie, 1er Régiment de fusiliers marins, DIXMUDE (Belgique), le 21 octobre 1914.
GUILBAUD Henri, (32ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 66ème RI, LANGEMARCK (Belgique), le 26 octobre 1914.
PELLOQUIN Mathurin, Pierre, (21ans) de Croix-de-Vie, 2ème régiment de fusiliers marins, à DIXMUDE (Belgique), le 27 octobre 1914.
RABILLER François, Jean-Louis, (31ans) de Croix-de-Vie, 2ème Régiment de fusiliers marins, ZUYDCOOKE (Nord), le 30 octobre 1914.
BOURMAUD Auguste, Clément, (20 ans) de Croix-de-Vie, 1er Régiment de marins à FURNES (Belgique), le 6 novembre 1914.
NOBIRON Henri, François, (24 ans) de Croix-de-Vie, 25ème bataillon de Chasseurs, à l'hôpital de Verdun (Meuse), le 30 novembre 1914.
Après le 15 novembre 1914, c'est l'accalmie sur ce front du Nord. Les troupes allemandes ne sortent plus de leurs lignes et perfectionnent leurs abris enterrés.
Les troupes alliées creusent également leurs tranchées en attente du premier hiver au front qui sera rigoureux.
En fin d'année, les actes de décès de deux autres soldats parviennent en mairie :
GOSSELIN Philippe, Léon, (28 ans) de Croix-de-Vie, caporal du 93ème RI, à AUCHONVILLIERS (Somme), le 19 décembre 1914.
GAVAUD Paul, Henri, (27ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, le33ème RIC, à MINAUCOURT (Marne) le 20 décembre 1914.
Depuis la mobilisation générale au cours des 5 mois de guerre, 24 soldats de St-Gilles-sur-Vie et de Croix-de-Vie ont été déclarés "Morts pour la France".
ANNEE 1915
Dès septembre 1914, l'hôpital Torterue et la Villa Notre-Dame ont été réquisitionnés pour recevoir en convalescence les soldats blessés ou malades.
En 1917, lors de la prise d'armes qui eut lieu sur le quai du Port Fidèle, la Supérieure de la Villa Notre-Dame reçut une distinction en reconnaissance des bons soins apportés aux malades et aux blessés.
L'hiver 1914-1915 est terriblement froid et humide pour les soldats. La pluie, la boue, la neige se succèdent dans les tranchées.
L'année 1915 amène un nouvel uniforme à l'armée française : la tenue "bleu horizon" plus discrète que la précédente qui comportait la pantalon rouge garance.
BURGAUD Albert, Charles, Saint-Gilles-sur-Vie, 3ème RIC, le 4 janvier 1915 décède à l'hôpital Torterue de St-Gilles.
GAUDREMEAU Maurice, Léon, (34 ans) de Croix-de-Vie, à Ecurie (Pas-de-Calais), le 11 janvier 1915.
HERAULT Pierre, Aimé, (41ans), de Croix-de-Vie, décède à l'hôpital Desgennettes de LYON, le 15 février 1915.
Ce sont les premiers de la longue liste des morts de l'année 1915.
Le 8 Janvier, 300 prisonniers arrivent en gare de Croix-de-Vie, et défilent sous bonne garde dans les rues de la cité en direction de Brétignolles où ils seront casernés. De là, chaque jour ces prisonniers partent travailler à la carrière de Brethomé pour y extraire la pierre.
LES DARDANELLES
L'attaque des Dardanelles est préparée dès la fin de 1914 pour s'emparer du Bosphore et permettre de rétablir les communications avec les alliés russes. L'escadre alliée se compose alors de flottilles de torpilleurs et de sous-marins barrant l'entrée des détroits. Croiseurs anglais et cuirassés français bombardent les ports à l'entrée du détroit, mettant à mal KOUM-KALEH et SEDDUL-BAHR.
Aux DARDANELLES, en Juin 1915, au cours du débarquement des troupes du corps expéditionnaires, sont tués :
MARTINEAU Jules, (40 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 57ème RIC, à Seddul-Bahr le 18 Juin 1915.
ELINEAU Eugène, (21 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 3ème R de Marches d'Afrique, le 20 Juin 1915.
COUGNAUD Jean-Louis, (38ans) Saint-Gilles-sur-Vie, 4ème RIC. Coloniale Mixte de Marche, le 21 Juin 1915.
CHOPIN Louis, Baptiste, (20 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 7ème RlC, disparu à Seddul-Bahr le 30 Juin 1915.
Tous ces décès sont déclarés à SEDDUL-BAHR, (Turquie).
Au moment, où l'escadre franchit le goulet, le cuirassé français "Le Bouvet", touché par une mine dérivante, coule en trois minutes. Parmi la soixantaine de survivants recueillis par les autres bateaux, se trouve Constant LELIEVRE, marin de Croix-de-Vie.
GUERRE DE TRANCHEE SUR LE FRONT OCCIDENTAL
Partout la lutte reprend. En CHAMPAGNE-EN-ARTOIS, aux EPARGES, chaque jour voit un engagement. Jour après jour, des terrains sont conquis puis perdus. Les combats se répètent de tranchées en tranchées, au canon, à la mitrailleuse, à la baïonnette. AUBERIVE, BEAUSEJOUR, MESNIL-LES-HURLUS, SOUAIN et les nombreux petits villages de CHAMPAGNE sont le théâtre de ces combats au cours desquels tombent :
RABILLER Jules, Henri, (23 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 120ème RI, aux combats de MESNIL-LES-HURLUS (Marne), le 2 mars 1915.
NAULEAU François, Louis, (22 ans), de Saint-Gilles-sur-Vie, 128ème RI, sur le champ de bataille de BEAUSEJOUR (Marne), le 7 Mars 1915 .
TESSIER François, Joseph, (36 ans) de Croix-de-Vie, 2ème RIC, à l'hospice de VIENNE-LE-CHATEAU des suites de ses blessures, le 22 Mars 1915.
BRECHET Victor, Joseph, 3ème Dragon, à l'hôpital BAUR de NANTES, le 23 Mars 1915.
HERAUD Martial, (22 ans), de Croix-de-Vie, 4ème dépôt des Equipages de la Flotte, le 3 Avril 1915 à l'hôpital Torterue de Saint-Gilles-sur-Vie.
PRAUD Charles,(24 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 21ème RI, le 10 Avril 1915, au combat de HERSIN-COUPIGNY (Pas-de-Calais).
DUPLAT Gabriel Marie, (22 ans) de Croix-de-Vie, le 27 Avril disparaît dans l'Adriatique à la suite du naufrage "Léon Gambetta", coulé par une torpille ennemie.
Dans la nuit du 26 au 27 Avril 1915, le croiseur cuirassé "Léon Gambetta" est torpillé dans le canal d'OTRANTE par un sous-marin autrichien.
Ce bâtiment avait été lancé en 1901 à BREST, mais à la suite de modifications de ses plans, son achèvement avait été retardé et n'est entré en service qu'en 1905. Son Etat-major se compose de 22 officiers et son équipage de 714 hommes dont 136 ont pu être sauvés par des torpilleurs italiens. Le croiseur "Léon Gambetta" fait partie de la flotte navale en Méditerranée avec l'escadre anglaise. Il assure le passage des troupes venant d'Asie et d'Afrique et les ravitaillements destinés à nos alliés.
Parmi l'équipage qui périt en mer, se trouve un Croix-de-Viot, DUPLAT Gabriel Marie, Léon, "Mort pour la France", le 27 Avril, marin à bord du "Léon Gambetta", âgé de 23 ans dont le corps a été recueilli et inhumé à CASTRIENANO près de SANTA-MARIA-DU-LANCA (Italie).
Un autre marin du quartier de Saint-Gilles-sur-Vie, ROBARD Louis, Alexis, né à la Barre-de-Monts, le 27 juillet 1893 périt, victime de la catastrophe du "Léon Gambetta", mais son corps n'a pas été retrouvé. Il avait lui aussi 23 ans. (Extrait de l'Illustration du 1er Mai 1915).
Croiseur Léon Gambetta
On apprend aussi les décès de :
PERRAUDEAU Jules, Elie, (20 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 91ème RI, tué le 29 Avril 1915 à la terrible bataille des EPARGES (Meuse).
CHARRIER Augustin, Constant, (25 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 4ème bataillon chasseurs à pied, le 29 Avril 1915 à Dunkerque (Pas de Calais).
LHUILIER Adolphe, Jean, de Saint-Gilles-sur-Vie, 1er bataillon d'Afrique à OUJDA (Maroc Occidental).
LES EPARGES
La bataille des EPARGES (Meuse) dure deux longs mois, de Février à Avril 1915. Ce sont des combats d'une extrême violence.
Jour après jour, de tranchées en tranchées, nos soldats conquièrent les coteaux escarpés de la crête des EPARGES transformés en forteresse par les Allemands dont 30 000 d'entre eux sont mis hors combat dans cet espace étroit.
Cette lutte dans le froid, la pluie et la neige aurait pu s'appeler "la bataille de la boue". Le mot "boue" revient dans tous les récits de cette bataille : la boue qui gicle, accompagne une sourde explosion… la boue qui colle au corps…la boue qui revêt les soldats d'un uniforme et les fait ressembler à des statues de terre…la boue…la boue partout…Le soldat qui circule dans les tranchées ne peut reconnaître si le cadavre qu'il heurte sur son chemin est français ou allemand.
Enlever les EPARGES, sous le feu des 210mm (obusier), des lance-bombes et des mitrailleuses, est un travail de géants. (Note publiée dans le bulletin des Armées d'Avril 1915).
Dans ce contexte d'enlisement, le lundi 24 Mai 1915, l'Italie entre en campagne à côté des alliés rompant ainsi ses accords diplomatiques avec l'Allemagne.
POIRAUDEAU Maximin, Ernest, (27 ans) de Croix-de-Vie, 51ème RI, le 5 Mai 1915 à l'hôpital temporaire de Verdun (Meuse).
MASSOT Jean, Ernest, (29 ans) de Croix-de-Vie, 3ème RIC, le 16 Mai 1915 à LACHALADE (Meuse).
DUPUY Albert, Louis, (40 ans) de Croix-de-Vie, 226ème RIT, le 17 Mai 1915 à ABLAIN-ST-NAZAIRE (Pas-de-Calais).
COUTON André, (27 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 93ème RI, le 1er Juin 1915 à l'hôpital Ste-Anne, PLUMERET (Morbihan).
HEBUTERNE ET ARTOIS
Le village d'HEBUTERNE dans le Pas-de-Calais a été le théâtre de nombreux combats depuis octobre 1914. Le 7 juin 1915 au matin, le 137ème RI attaque de nouveau à la grenade et à la baïonnette, prend deux lignes de tranchées sur un front de 1 200 mètres et fait de nombreux prisonniers.
Par ce fait d'armes, le 137ème RI mérite la citation suivante de la 2ème Armée :
Citation de la 21ème Division d'Infanterie composée des régiments vendéens et bretons (64ème, 65ème, 84ème, 93ème, 137ème RI, 51ème RA, 6ème Génie).
Le 7 juin, devant la ferme de TOUTVENT s'est porté à l'attaque avec un entrain superbe, grâce à l'héroïsme des officiers et de la troupe, a dépassé, avec un brio remarquable et d'un seul élan, deux lignes de tranchées allemandes malgré un barrage terrible d'artillerie.
Au cours de cette bataille, la ferme TOUTVENT est enlevée, ce qui coûte plusieurs centaines de morts et 400 prisonniers à l'ennemi. La contre-attaque n'aboutit qu'à un échec. Les assaillants sont repoussés sur le chemin reliant HEBUTERNE au hameau de SERRE.
Au cours de cette bataille, sont "Morts pour la France", le 7 Juin 1915 à la ferme TOUTVENT et à HEBUTERNE (Pas-de-Calais) :
ROQUAND Adrien, Eugène, (31 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 293ème RI.
THIBAUDEAU Ernest, Edouard, (21 ans) de Saint-Gilles-sur-Vie, 137ème RI.
ROULEAU Eugène, Auguste, (34 ans) de Croix-de-Vie, 93ème RI, le 8 Juin à la ferme TOUTVENT.
La bataille de l'Artois continue. Les pertes éprouvées au cours des journées du 16 et 17 Juin sont lourdes. Les troupes enlèvent la première ligne allemande et abordent la seconde bataille d'HEBUTERNE et de la ferme de TOUTVENT. L'ennemi a amené cinq corps d'armée pour reprendre les positions perdues.